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la biographie

Brésilien, 20ième siècle.
Né 1909, en Brésil; mort 1989.


Descendant d'esclaves, Arthur Bispo do Rosario (connu sous le seul nom de «Bispo») voit le jour dans l'État brésilien de Sergipe (nord-est), le plus petit du pays sur le littoral atlantique. Dans sa jeunesse, il pratique la boxe et sert dans la marine brésilienne, mais est renvoyé de l'armée pour insubordination. En 1938, Bispo souffre d'une crise psychotique durant laquelle, selon certains documents, il prend conscience de sa mission sur Terre: recréer l'univers dans une forme présentable à Dieu pour obtenir sa rédemption lors du «Jugement dernier». Il est arrêté, hospitalisé et diagnostiqué schizophrène paranoïaque. Il est finalement admis à Colônia Juliano Moreira, un établissement psychiatrique de Rio de Janeiro où il passe le reste de ses jours dans une mansarde.

Sans contact avec la société, Bispo crée un vaste ensemble d'œuvres consistant en des pièces suspendues aux techniques mixtes, des sculptures et autres objets, y compris des tissus brodés à la main avec des éléments assortis. A l'image de celui qui «erre dans une zone fragile entre la réalité et le délire», selon Luciano Hidalgo, le biographe de Bispo, cet artiste autodidacte fait usage de matériaux mis au rebut, comme des boutons, des bouteilles, du papier, des cartons, des draps d'hôpital, des ustensiles, de vieux uniformes, des bottes de caoutchouc, pour produire pour lui-même, et non pas pour un quelconque public, des œuvres souvent somptueuses et riches en texture. Il n'a jamais rien vendu et on peut se demander s'il considérait les objets qu'il créait comme de l'art. Vers la fin de sa vie, il avait produit au total plus de 800 objets, dont des vêtements, des banderoles, des sculptures taillées comme des bateaux, des voitures, un ring de boxe, et un «habit de l'Annonciation» qu'il avait l'intention de porter le jour du Jugement. Bispo faisait également des affiches de rue miniatures qu'il enveloppait dans des bandages et des chariots pour transporter divers objets.

 

 


Dans un article sur Bispo datant de 2004 et publié dans Raw Vision, la collectionneuse et marchande d'art Beate Echols de New York notait que «le monde de l'art l'a qualifié d'artiste conceptuel, de pop artiste, de visionnaire, d'artiste populaire et même d'artiste psychotique, mais (que) toutes ces qualifications n'expliquent pas l'homme ou son travail». 

Bispo do Rosario a toujours dit qu'il n'était pas un artiste et qu'il n'avait pas le choix de faire ce qu'il faisait. Son travail, selon Echols, «rappelle les arts populaires de sa région natale» du Brésil. «Certaines œuvres ressemblent aux tombes décorées de l'Afrique, aux amulettes et fétiche ayant un pouvoir guérisseur des cultures du Congo. D'autres reflètent sa foi chrétienne». 

La vie et l'art de Bispo ont fait l'objet au Brésil de plusieurs films, livres et pièces de théâtre, et son œuvre a été officiellement reconnu comme faisant partie du patrimoine culturel national.

Bispo, qui était apparemment conscient de l'état qui a conduit à son internement, est souvent cité pour avoir dit:  «les maladies mentales sont comme les colibris, elles ne se posent jamais et restent à deux mètres du sol». La signification des œuvres de l'artiste est pour le moins ambiguë: plusieurs d'entre elles semblent des accessoires pour des rituels mystérieux, inconnus ou impossibles à connaître. A Rio de Janeiro, le Museu Bispo do Rosário Arte Contemporanea  accueille une collection permanente des œuvres de l'artiste.

- Edward M. Gómez

CV

Expositions sélectionnées
2013, Le palais encyclopédique, principale exposition thématique collective de la 55ième Biennale de Venise, Venise
2012, Arthur Bispo do Rosário, Victoria & Albert Museum, Londres
2003, Arthur Bispo do Rosário, Galerie Nationale du Jeu de Paume, Paris
1995, Arthur Bispo do Rosário, Pavillon brésilien, 46ième Biennale de Venise, Venise
1982, À Margem da Vida, exposition thématique collective, Museu de Arte Moderna, Rio de Janeiro

Collections sélectionnées
Museu Bispo do Rosário Arte Contemporanea, Rio de Janeiro

Bibliographie sélective 
Riding, Alan, “Creativity As an Ingredient Of Madness: A Wide Variety of Art by Patients In Psychiatric Institutions Is Featured in Paris Exhibitions,” The New York Times, 6 août, 2003.
Jusidman, Yishai, “Paris: Galerie Nationale du Jeu de Paume,” Critique de l'exposition individuelle d'Arthur Bispo do Rosário, ARTFORUM, U.S.A., Décembre 2003.
Denizart, Hugo, «Le prisonnier du passage», Extrait d'un documentaire vidéo réalisé par le psychoanalyste Hugo Denizart en 1982 à la demande du ministère brésilien de la Santé afin d'enquêter sur les conditions de vie à l'hôpital Colônia Juliano Moreira, où l'artiste autodidacte Arthur Bispo do Rosário résidait. La vidéo et les éléments biographiques écrits sur l'artiste sont disponibles sur le site internet du Victoria & Albert Museum, Londres, conjointement avec une exposition qui avait été présentée au musée en 2012. http://www.vam.ac.uk/content/articles/a/arthur-bispo-do-rosario/
Hidalgo, Luciana, “As artes de Arthur Bispo do Rosário,” Scientific American/Mente Cérebro, Brésil, Septembre 2009.

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